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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/177

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ARCHITECTURE ROMANE.

L’effet architectural est amoindri par les figures en mosaïques sur un fond d’or éblouissant qui ont envahi les frises, la balustrade et en partie l’intérieur de la galerie, mais surtout par les mosaïques écrasantes de la coupole. Ces dernières montrent d’une façon instructive de quelle importance est pour l’effet d’ensemble d’un édifice l’échelle de la décoration. Que l’on considère un instant les compartiments à trois zones avec grandes figures, puis les compartiments à quatre zones avec figures plus petites, ces dernières parties de la coupole paraissent plus grandes et plus éloignées.

On croirait à peine qu’après un tel système de façades d’églises il ait pu se produire encore des formes aussi barbares que la façade de la Pieve vecchia [a] à Arezzo (du commencement du XIIIe siècle)[1]. Tant d’effort et si peu d’harmonie, si peu d’intelligence dans le développement des motifs ! L’intérieur est d’un style singulièrement meilleur et les chapiteaux corinthiens, presque antiques, lui donnent même de l’intérêt ; par contre l’extérieur de l’abside vaut la façade.


À Gênes le style roman français rient se mêler à l’influence pisane. Les églises y sont pour la plupart des basiliques avec une sorte de transept ou avec une coupole insignifiante et généralement altérée ; les colonnes en partie antiques, en partie de marbre alternativement noir et blanc ; les chapiteaux antiques, ou imitant l’antique. Les façades n’offrent nulle part le riche système toscan avec galeries, mais un style plus simple avec pilastres et alternance de couleurs dans les assises de marbre. (Souvent aussi, c’est le romantisme moderne qui y a ajouté la peinture.) Les temps gothiques ont respecté cette architecture assez pauvre pour une ville si riche ; seulement le plein cintre a généralement fait place à l’ogive.

Dans la cathédrale [b] (XIIe siècle ?) il n’y a quelque richesse plastique que sur les deux portails des nefs latérales. (D’après une inscription, l’intérieur n’est qu’une reconstruction datant de 1307, et dans laquelle les colonnes anciennes ont trouvé place.) — S. Maria di Castello [c], qui a été récemment très bien restaurée, est la plus vieille de ces églises (XIe siècle ?), à en juger par les colonnes presque toutes antiques et par les chapiteaux. Les voûtes d’arête des nefs sont probablement plus récentes, — S. Cosmo [d] (XIIe siècle ?). Les colonnes sont de blocs de marbre, alternativement blancs et noirs, les chapiteaux sont une imitation assez barbare de l’antique, — S. Donato [e] (XIIe siècle) ; la façade est un peu plus récente ; les colonnes du fond de l’église sont antiques ainsi que les chapiteaux ; celles de l’avant sont de blocs de marbre, alternativement blancs et noirs, avec chapiteaux imitant l’antique ; sur la croisée

  1. La date des sculptures du portail par Marchionne [f], 1216, est sans doute à peu près la même pour toute la façade.