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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/287

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PREMIÈRE RENAISSANCE.

repose la statue. Dans la lunette supérieure il y a, le plus souvent, une madone avec des anges, en haut relief, ou bien le statues des saints patrons. De plus, les piliers de la niche, les extrémités du sarcophage, les naissances et le sommet de l’arc supérieur, s’ornent, suivant les circonstances, de statuettes ou de figures en relief, représentent des saints, des chérubins, des allégories, etc. Sur les tombeaux de guerriers et d’hommes d’État, qui dominent à Venise et à Naples, se déploie une riche composition avec un très grand nombre de figures, et non parfois sans abus d’allégories. — Dans les sacristies, et près des réfectoires de couvents, se trouvent souvent des fontaines d’une riche ornementation. — Souvent de même les grilles de certaines parties des églises sont traitées avec une grande habileté décorative. — Les portes en bronze des églises, dont on remarque surtout les sculptures, ne sont pas moins admirables généralement par leur style décoratif (portes de Ghiberti). — Quant à la décoration en bois (stalles de chœur, armoires de sacristie, etc.), nous en parlerons plus loin avec suite.

Dans les édifices profanes, on le comprendra, il reste beaucoup moins de traces de l’ancienne décoration que dans les églises ; et le peu qu’il y a (portes, cheminées, etc.) n’est pas toujours facile à voir. Comme alors les murailles étaient presque jusqu’au bas couvertes de tapisseries et de cuirs, le contraste avec les dorures et les sculptures des plafonds était moins grand qu’il ne parait aujourd’hui, dans la nudité des parois. Quelquefois ou a eu égard à l’effet, en remplaçant les tapisseries par des imitations peintes. — Nous comprenons, d’ailleurs, dans ce qui va suivre, non seulement les peintures qui bordent une pièce, encadrent une fenêtre ou un tableau, mais la peinture décorative proprement dite. C’est même par cette dernière que se terminera le présent chapitre.


L’architecture et l’arabesque dans l’ornementation, jusque vers la moitié du XVe siècle, sont, en regard du raffinement qui a suivi, simples encore, presque gauches même et hésitantes. Ce sont, peut-être, moins les grands architectes que les sculpteurs et les peintres qui ont donné à cette forme de l’art sa plus haute et sa plus noble élégance. (Il ne faut pas oublier, il est vrai, qu’alors les trois arts étaient souvent réunis dans la même main, si bien que le hasard seul décidait d’une prédilection ou d’un goût marqué pour tel ou tel genre.)

L’arabesque du XVe siècle, et du XVIe au début, est une expression presque indépendante de l’art du temps ; partie des modèles antiques purement plastiques et relativement peu nombreux (jambages de portes, frises, sarcophages), elle s’est, par ses propres forces, élevée jusqu’à sa perfection. Une part essentielle de ce mérite revient à Desiderio da Settignano. C’est dans ses œvres peut-être que l’arabesque et la décoration architecturale atteignent le plus tôt l’élégance et la richesse. Après lui, chacun en son genre, viennent Antonio Rossellino, Mine da Fiesole,