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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/294

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PISE, EMPOLI, PRATO, LUCQUES.

de l’atmosphère générale d’art, où chaque objet avait son droit et sa place. Ils devaient s’adapter au sérieux de l’ordre rustique ; aussi est-il facile de les surpasser en éclat, mais leur destination demandait cette rudesse de forme. Les angles du Pal. Strozzi [a] conservent les lourdes et riches lanternes de Nic. Grosso, dit Caparra. Une autre lanterne semblable est au Pal. Guadagni [b]. On dirait que, de l’angle du palais, un rayon d’énergie a passé dans le fer.

Le style de la décoration florentine se répand dans toute la Toscane (à l’exception de Sienne) ; mais, par les travaux d’artistes florentins à Rome, Naples, etc., il exerce aussi une influence décisive sur l’art décoratif dans toute l’Italie centrale et méridionale.


À Pise, ce qu’il y a peut-être de plus beau, c’est le bénitier dans le bas-côté droit de la cathédrale [c] ; il peut y en avoir de plus riches, mais je ne crois pas qu’il y en ait de plus élégants. — De la même main, peut-être, le pupitre de lecture, reposant sur un aigle, dans le chœur.

Au xvie siècle, un certain Stagio Stagi, de Pietrasanta, travailla (sous l’influence de Michel-Ange, à ce qu’on prétend) au tombeau de Gamaliel, Nicodème et Abdias (bas-côté droit de la cathédrale [d]), à la niche de S. Blaise (transept droit), et au tombeau de Decio († 1535), au Campo santo [e]]. C’est un travail d’arabesque, enflé et surchargé qui rappelle l’école napolitaine du même temps (vers 1530 ; voir plus bas). Benedetto da Rovezzano, avec sa rudesse plus simple, est bien préférable. Stagi a aussi fait l’un des deux chapiteaux à figures du cierge pascal, et de la colonne qui fait pendant, dans le chœur de la cathédrale [f]]. L’autre est de Foggini.

À S. Sisto [g] deux bénitiers de marbre, d’une beauté simple.

À Empoli : de curieux fonts baptismaux de 1447, dans le baptistère de la cathédrale [h], tout à fait dans la manière décorative de Donatello.

Dans la cathédrale [i] de Prato, la magnifique grille de bronze de la chapelle de la Madonna della Cintola, avec les frises à jour, et les frises latérales formées d’enroulements et de figures, avec un couronnement de palmettes et de candélabres, faussement attribuée à Simone par Vasari, a été commandée en 1444 chez l’orfèvre florentin Bruno di Ser Lapo. La ravissante frise de Pasquino di Matteo, de Montepulciano, ne date que de 1461.


Lucques renferme quelques-unes des plus anciennes œuvres décoratives de la Renaissance : le tombeau d’Ilaria del Carretto (vers 1413), avec génies et festons, par Jacopo della Quercia, dans la cathédrale [j] (le devant du sarcophage est maintenant au Bargello [k], à Florence) ; dans la cathédrale encore, du même, un bénitier [l]. — À part ces œuvres anciennes, et quelques autres, comme l’énergique portail