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PREMIÈRE RENAISSANCE.

dédaignait pas non plus la décoration sur bois. C’est lui qui a dessiné l’orgue magnifique aux belles consoles de l’église della Scala [a] (à droite), le chef-d’œuvre le plus accompli du genre. C’est de son esprit que s’inspirèrent les deux Barili (1511), pour composer le beau jubé d’orgue de la cathédrale [b], au-dessus de la sacristie. Plus simple, dans la manière de Marinna, est le bel orgue d’Antonio Pifferio, au Pal. Pubblico [c] (1519).

La plus belle œuvre de décoration sur bois qu’il y ait à Sienne, d’une forme, il est vrai, tout architecturale, ce sont les huit petits pilastres du Pal. del Magnifico [d] (vers 1500), aujourd’hui à l’Académie (quatrième salle), œuvre d’Antonio Barile. Quand le bois, avec ses arabesques sortant de griffes d’animaux, ses coupes, génies, satyres, figures allégoriques, chevaux marins, etc., obtient un tel ensemble, c’est à peine si on regrette l’éclat et la blancheur du marbre.


À Pérouse, le premier rang appartient aux stalles, au pupitre et aux portes du Cambio [e], par Antonio Mercatello : il n’y a pas d’autorité dans le monde aussi bien assise que l’étaient messieurs les juges de la banque dans la capitale de l’Ombrie. Aux meilleurs temps de la Renaissance lorsqu’elle est dans tout son éclat (après 1500), la mesure est toujours gardée, et la différence est maintenue entre les deux destinations profane ou sacrée. — Viennent ensuite les stalles célèbres du chœur de S. Pietro [f], achevées par Stefano da Bergamo, vers 1535 (à l’exception des additions du devant qui portent la date de 1556 et le chiffre S.D.A.S.). La partie inférieure des dossiers est en marqueterie : le reste est en reliefs d’un grand éclat et d’un goût très pur. Le dessin est, sans aucun fondement, attribué à Raphaël, alors que celui-ci, dans sa dernière époque, correspondant tout au plus au début de ce travail, était obligé d’abandonner presque entièrement à ses élèves la décoration meme des Loges du Vatican. Les motifs raphaélesques, employés comme figures de milieu des panneaux, témoignent précisément, par la confusion des réminiscences, contre l’attribution à Raphaël. (La Foi et la Charité, tirées de la Predelle du Vatican alors encore à Pérouse ; le Christ de la Résurrection par Pérugin et Raphaël au Vatican, l’Héliodore, etc.) — Un très habile sculpteur contemporain est l’auteur des stalles de S. Domenico [g] (1476) ; probablement Polimante da Nicola. Peut-être est-il aussi l’auteur des stalles de S. Agostino [h] (arbitrairement attribuées au Pérugin). Dans les deux œuvres, la marqueterie est supérieure au relief. — Les stalles richement ornées d’une chapelle de la cathédrale [i], fermée par une grille à droite du grand portail, furent commencées, selon l’inscription qu’elles portent, par Giuliano da Majano, et terminées en 1491 par Domenico del Tasso. (Les stalles de la chapelle à gauche sont d’un baroque supportable.) — Dans toutes les églises et sacristies un peu importantes de la ville et des environs, il y a une quantité de travaux de ce genre, bons ou médiocres :