Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
ŒUVRES DÉCORATIVES : VÉRONE, BRESCIA, BERGAME.

ment décoratives. — Mais cette œuvre disparaît auprès des travaux, de Fra Giovanni da Verona (1469-1537), si célèbre en ce genre. Dans l’église de son cloître, S. Maria in Organo, on trouve de sa main d’abord[1] le grand candélabre de bois [a] (chapelle à droite du chœur), d’un grand goût dans le détail, mais d’une composition moins heureuse ; le Tempietto [b] du haut, avec les statuettes posant sur des sphinx et des harpies, offre un contour indécis. De lui encore sont les stalles du chœur [c] (1499), dont les parties sculptées et ajourées et les marqueteries (qui contiennent en haut, des vues de villes et des objets d’armoire ; en bas, des arabesques), sont toutes d’une beauté egale et d’une pureté sans raffinement outré. De même le lutrin du chœur, conservé dans la vraie forme. Puis la boiserie de la paroi gauche de la sacristie, plus récente et plus riche, déjà un peu surchargée, surtout dans les colonnes engagées en forme de candélabres. — À côté de ces travaux de Giovanni il y en a d’autres encore, par exemple, les sièges adossés [d] devant le grand autel, et la boiserie de la paroi droite de la sacristie, dont la menuiserie est simple, mais qui sont remarquables par les paysages peints de Caroto et de Brusasorci.

À Brescia, le chœur de S. Francesco [e] contient des stalles encore à demi gothiques, avec de jolies marqueteries calligraphiques ; la sacristie renferme de belles armoires et l’un des plus beaux cadres de tableau de ce style. Dans la même ville, et aujourd’hui au Museo Cristiano [f], un excellent lutrin avec marqueteries, d’après les dessins du Romanino.

À Bergame enfin, s’est conservée au moins une merveille, et de Fra Damiano lui-même : ce sont les stalles postérieures du chœur de S. Maria Maggiore [g] avec les marqueteries les plus expressives, se composant de frisee de chérubins, d’ordres différents, et de très beaux panneaux historiés. — Les stalles antérieures ont été exécutées en 1540-1574 par Giov. Belli et ses fils ; en haut, tout autour, le couronnement a la forme d’un léger portique de bois avec acrotères sculptées (monstres marins, candélabres etc.). Les marqueteries des dossiers représentent des ustensiles d’église et des symboles, traités en nature morte.


Le dernier chapitre de la décoration plastique doit etre consacrés aux parures, vases, objets de luxe, du XVIe siècle principalement, dont le style reçut alors l’empreinte d’un illustre artiste florentin, Benvenuto Cellini (1500-1572).

Il n’y a peut-être pas en Italie un seul objet qui puisse être désigné avec preuves à l’appui comme une œuvre de Benvenuto. On se fait pourtant une idée de son style d’après les vases, coupes et autres objets de luxe qui sont (avec d’autres objets de date plus récente) exposés aux Offices [h] (salle des « Gemme ») et dans l’« Argenteria » du Palais

  1. On croit que la tour de l’église a été construite d’après les dessins de Giovanni.