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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/327

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PREMIÈRE RENAISSANCE.

Pitti [a] ; ou encore dans la galerie de ce palais (passage vers les chambres de derrière) ; au Musée de Naples [b] (Terres cuites, seconde salle), et ailleurs. Il faut ajouter que beaucoup de ces objets sont ou antérieurs à Benvenuto, ou d’une facture indépendante. [On trouvera un intérêt tout particulier dans la riche collection des dessins pour objets d’art de ce genre aux Offices, à Florence.)

Le motif était en général celui-ci : on prenait une pierre précieuse, agate, jaspe, lapis-lazuli, ou de belles verreries, pour en former des coupes d’ une forme plus ou moins libre, ou même fantastique ; les anses, le pied, le bord, le couvercle, etc., étaient garnis d’or avec émaux ou pierres précieuses. Ou encore c’était un vase de cristal de roche, que l’on couvrait d’ornements ou de scènes gravées de la même manière. Les coquillages, etc., comportaient une parure plus modeste. Il y a enfin de cette époque çà et là des travaux d’orfèvrerie, en métal seul, avec émaux et pierres précieuses.

Dans l’ornementation végétale et l’arabesque, il ne faut pas chercher ici la liberté, la belle souplesse de la première Renaissance : les limites du genre ne le permettaient pas. L’important ici, c’est l’harmonie parfaite des formes et des couleurs, du profil du vase, et des ornements qui y sont enchâssés. Harmonie de pure convention en apparence, qui a cependant atteint une valeur classique. Les pierres précieuses, que l’artiste devait modeler en se pliant aux exigences même de la forme matérielle, et dont sa fantaisie devait tirer un motif, ne souffraient dans leur cadre d’or ni architecture sévère, ni plastique trop riche, elles demandaient précisément les anses délicates, les bords, etc, d’or et d’émail que nous voyons. En général, les surfaces d’émail sur or y alternent avec l’ornement en relief autour des pierres précieuses. Il y a une finesse de goût exquise dans l’accord des nuances et des couleurs : pour le lapis-lazuli, un cadre d’or et de perles ; pour la cornaline, un cadre d’émaux blancs et de diamants sur fond noir, etc. — Une conséquence de la forme du vase permettait aux artistes l’emploi du fantastique (mais non pas encore du grotesque) dans certaines parties travaillées en forme de masques, nymphes, dragons, têtes d’animaux, etc.; et c’est ici surtout que Benvenuto se sentait dans son élément. Au lieu de la simple arabesque, il imprimait partout la vie et le mouvement.

Parmi les cristaux taillés, quelques-uns sont d’ordre purement ornemental, comme la coupe à couvercle des Offices [B], magnifiquement émaillée rouge et or (aux initiales H et D entrelacées, Henri II et Diane de Poitiers). Mais les plus importants ont des figures : voir aux Offices une sorte de colonne trajane avec riche piédestal, deux coupes avec cortèges de Néréides, un flacon avec bacchanale, etc.

Les Offices [c] contiennent encore une œuvre célèbre : le coffret de Clément VII, avec les scènes de la Passion taillées dans le cristal par Valerio Vicentino. Comme les Robbia, Valerio a été contraint, par la