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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/341

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PREMIÈRE RENAISSANCE.

Casino, Strada Nuova), du Palais Carega [a] (aujourd’hui Cataldi, en face).

Dans la décoration des voûtes d’église, où se mêlent le stuc et la peinture, Montorsoli à le premier rang par sa décoration de S. Matteo [b]. Ici encore Perin del Vaga servit de modèle, surtout par sa Galleria du Palais Doria. Les chérubins planants que Luca Cambiaso peignit aux voûtes des nefs latérales, excellents en eux-mêmes, sont beaucoup trop grands pour le petit espace : à chaque mouvement, ils risquent de se heurter au bord. — Gênes doit à une famille d’artistes, les Carloni, et à leurs successeurs une série de décorations de voûtes d’une richesse extrême, soit par l’ornementation, soit par des compositions historiques, un peu lourdes peut-être et trop improvisées. L’ornementation est et demeure, en général, d’un degré meilleure qu’à Naples.

Jules Romain suit une marche parallèle avec Perin del Vaga ; dans son célèbre Palazzo del Te, de même qu’au Palais Ducal de Mantoue, il a déployé un système décoratif brillant à tous égards (v. plus haut).

Jacopo Sansovino, de même, a produit en ce genre au moins une œuvre importante : la Scala d’oro, au Palais des Doges [c] à Venise (1538). Dans l’ensemble cependant, ce travail reste sensiblement inférieur aux œuvres de Perin del Vaga. Les arabesques ciselées des pilastres sont enflées et de goût médiocre, de même que, sur les voûtes en berceau, les encadrements de stuc d’Aless. Vittoria, qui d’ailleurs a de jolis détails dans les reliefs, comme Battista Franco en a dans les peintures allégoriques et mythologiques. (Franco avait précisément une vocation pour ces figures isolées et ces petites compositions d’un style idéal, comme le prouvent ses peintures de la voûte de S. Francesco della Vigna [d], première chapelle à gauche.) En dépit de l’éclat éblouissant, le principe n’est pas heureux ; car les arabesques peintes, dans le style des Loges, sont écrasées par le relief des encadrements de stuc.

Peu d’années auparavant (1530), la Renaissance primitive avait encore décoré de belles mosaïques sur fond d’or la voûte de la sacristie de Saint-Marc [e]. Pareille à un dessin de tapisserie, une riche ornementation, de couleur blanche, circule et s’enroule autour de médaillons avec figures de saints. Les bords des compartiments de la voûte sont d’un coloris plus vigoureux. Au centre, la décoration affecte la forme d’une croix.

Il y a, en outre, une décoration particulièrement belle et harmonieuse, exécutée par Tiziano Minio d’après les dessins de Sansovino ou de Falconetto : c’est le revêtement de stuc blanc, très peu doré, sur la voûte de la chapelle de Saint-Antoine au Santo [f] de Padoue (v. p. 163). C’est une œuvre facile et pourtant sévère, d’un dessin excellent ; le relief des ornements et des figures est à la fois léger et d’un grand effet.

Tout près est le Palais Giustiniani [g] (No 3950), dont les deux pavillons, construits en 1524 par Falconetto (voir plus bas), contiennent une décoration, moitié en stuc, moitié peinte, — avec ornements et figures.