— qu’on croit, à cause de sa beauté, être de l’invention de Raphaël. Il est du moins présumable que l’artiste exécutant (Campagnola), s’il n’eût connu les Loges, n’aurait pas été capable d’une pareille œuvre.
Giovanni da Udine lui-même est censé avoir, dans ses derniers jours, comme peintre sur verre, couvert les fenêtres de la Bibliothèque Laurentine [a] à Florence, et celles de la galerie fermée, dans la troisième cour de la Chartreuse [b], d’arabesques qui sont jolies à la vérité, et qui laissent libre accès à la lumière du jour. L’écho des Loges pourtant y est si faible, qu’on aimerait mieux attribuer ce travail à un autre artiste. — C’est une des dernières peintures sur verre de l’art italien (jusqu’en 1568)[1], à part les restaurations et les œuvres modernes ; et encore n’y voit-on représenter que des armoiries ou des ornements délicats autour d’une petite peinture centrale en camaïeu.
Au Palais Grimani [c] à Venise, premier étage, un plafond peint avec une grande maestria : un berceau recouvert à profusion de toute la végétation du Sud, et peuplé d’oiseaux. — À Udine même : un plafond peint au Palazzo Arcivescovile [d].
Il y a une très grande de parenté entre les travaux de Giovanni et les œuvres décoratives de B. Peruzzi et de son école à Sienne et aux environs : voir les excellentes peintures de voûte de la Villa Belcaro [e] hors de la porte Saint-Marc, et encore dans la cour du Palais Saracini [f].
Revenons maintenant à la peinture murale décorative des intérieurs. Elle a, entre temps, partagé les destinées de la peinture d’histoire, — et elle s’est décidée pour une production rapide et abondante. Son premier principe est la complaisance facile, une aimable jonglerie avec toutes les formes, végétales, animales et humaines, sans compter les boucliers, les vases, les masques, les cartouches, les tablettes, et même les tableaux tout encadrés, sur un fond généralement clair. Ce n’est pas la fantaisie qui manque : c’est, chez les décorateurs, un flot de « concetti » de toute sorte, ils ont de l’humour, de l’esprit, et, comme peintres, ils appartiennent toujours aux siècles sans peur, le XVIe et le XVIIe. Mais l’équilibre s’est perdu, et aussi la distribution des ornements selon les genres et selon la destination architectonique. Ils ont cru que le mérite des Loges était leur richesse, tandis que c’est la discipline et l’ordonnance de cette richesse qui est l’essentiel.
À ce style appartiennent, entre autres, les arabesques exécutées en 1565 dans la cour antérieure du Pal. Vecchio [g] à Florence, en grande partie par Marco da Faenza. — Il y a singulièrement plus d’intelligence dans les arabesques de plafond de la première galerie des Offices [h]
- ↑ Il paraît alors difficile de les attribuer à Giovanni, qui est mort en 1564.