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PREMIÈRE RENAISSANCE.

par Poccetti, le même aux dessins de qui est due l’incrustation de nacre de la Tribuna (vers 1581). Ce sont peut-être les plus importantes de ces œuvres tardives, riches en motifs excellents (qu’il serait facile d’exploiter aujourd’hui), mais qui, comme compositions, d’ailleurs peu favorablement placées, manquent de pureté. (La continuation dans le style baroque qui va jusqu’au rococo a sa valeur propre.) Ailleurs, même pour l’ordonnance, Poccetti est un des meilleurs artistes en ce genre, comme le prouvent la voûte centrale du porche des Innocenti [a], les fresques du plafond de la chapelle du Saint-Sacrement et de la chapelle S. Antoine à Saint-Marc [b], la galerie de la cour latérale, à gauche, au Palais Pitti [c], et d’autres peintures encore avec mélange de stuc. — De Poccetti encore, et de son style, sont les meilleures décorations intérieures du Pal Vecchio [d]. Des plafonds de voûte, d’un mérite tout particulier, dans les salles du rez-de-chaussée de la Villa Stiozzi [e], aujourd’hui Orsini, Via Valfonda.

À Rome, un autre genre rivalise avec les arabesques : c’est le travail de stuc architectural, tantôt pur, tantôt servant à l’encadrement de tableaux. Le premier rang pour l’effet monumental, de même que pour la clarté et la richesse du dessin, appartient aux caissons de Bramante dans les arcs de la coupole de Saint-Pierre ; les caissons octogonaux des arcades conduisant aux coupoles latérales sont de Bramante ou de Raphaël). Très beau encore, et de l’effet le plus monumental, est le revêtement de stuc de la Sala Reggia au Vatican [f], par Perin del Vaga et Daniele da Volterra, d’après A. da Sangallo, avec Génies tenant les armoiries, et caissons richement ornés. Du même, les caissons de la chapelle de S. Giacomo degli Spagnoli [g]. Ces derniers, de même que les caissons de Saint-Pierre, furent coulés en ciment ou en stuc en même temps que les voûtes. Il y a un petit spécimen du même genre dans la chapelle postérieure du transept gauche à S. Maria del Popolo [h]. Il faut citer encore la décoration extérieure avec figures et ornements du Palais Spada [i] à Rome, par le Lombard Giulio Mazzoni (vers 1550). On voit dans la grande salle du même palais Spada comment déjà Jules Romain aimait à encadrer ses grands tableaux mythologiques de sculptures de stuc. Dans le même palais encore, et dans la salle dite Galleriola, on a appliqué la même décoration dans des proportions plus petites ; et c’est une erreur. Parmi les autres bons travaux de stuc, à Rome, vers le déclin du xvie siècle, citons : la voûte de S. Maria de’ Monti [j] ; le fond de l’église du côté droit, à S. Bernardo [k]. À S. Pudenziana [l], la belle chapelle, à gauche, par Franc. da Volterra, avec mosaïques d’après Fed. Zuccero. À Saint-Pierre [m], la voûte stuquée à deux teintes du porche, par Maderna, à qui on a fait un reproche de sa prédilection pour ce genre. C’est tantôt le stuc, tantôt la fresque qui domine. Cette dernière est trop souvent surchargée de lourds sujets historiques, de style réaliste, qui ne conviennent guère à la voûte. Ainsi en témoignent nombre de chapelles