Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/107

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que le petit lord ressemblait lui-même au prince Charmant qui figure dans ces contes. Une flamme soudaine d’orgueil et de triomphe brilla dans les yeux du comte quand il vit combien son petit-fils était grand, beau et fort, et avec quelle tranquille hardiesse il se tenait devant lui, la main posée sur le cou de l’énorme chien. Il ne déplaisait pas au farouche gentleman que son petit-fils parût ne montrer aucune crainte ni du dogue ni de lui-même.

Cédric le regardait du même air qu’il avait regardé la gardienne de la grille et Mme Millon, la femme de charge.

« Êtes-vous le comte ? dit-il quand il fut arrivé près du fauteuil. Je suis votre petit-fils, lord Fautleroy, que M. Havisam a amené ici. »

Et il tendit la main au comte.

« J’espère que vous allez bien, continua-t-il d’un ton affectueux : je suis très content de vous voir. »

Le comte prit la main qu’on lui tendait. Il était tellement étonné qu’il ne trouvait rien à dire. Il promenait les regards de ses yeux enfoncés des pieds à la tête de la petite apparition.

« Vous êtes content de me voir ? répéta-t-il.

— Oui, répondit lord Fautleroy ; très content. »

Il y avait une chaise près du comte, il s’y assit : la chaise était haute, et les pieds du petit homme se balançaient au-dessus du parquet ; néanmoins Cédric semblait tout à fait à son aise. Il regardait son auguste parent avec attention, quoique modestement.

« J’ai toujours cherché à me figurer comment vous étiez,