Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/112

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sonne son désappointement, s’il avait sujet d’en éprouver. Mais son vieux et orgueilleux cœur avait tressailli quand le jeune garçon s’était avancé vers lui avec sa tranquillité et son aisance habituelles, sa main posée sur le cou du dogue. Il m’avait jamais espéré que son petit-fils, l’enfant de cette Américaine qu’il détestait, pût être un si charmant garçon. Le sang-froid du comte fut tout à fait troublé par cette découverte.

Quand ils commencèrent à causer, il fut encore plus curieusement intéressé et de plus en plus agité. En premier lieu, il était tellement habitué à voir les gens embarrassés et même effrayés en sa présence, qu’il s’était attendu à ce que son petit-fils se montrât gauche ou timide. Mais Cédric n’avait pas plus peur du comte qu’il n’avait eu peur de Dougal. Il n’était pas hardi, mais seulement innocemment affectueux. Il était visible qu’il prenait le comte pour un ami, qu’il n’avait pas le moindre doute à ce sujet, et il était visible aussi qu’il faisait tout son possible pour lui plaire. Quelque dur et égoïste que fût le comte, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver un certain plaisir de cette confiance. Après tout, ce n’était pas désagréable de savoir qu’il y avait quelqu’un qui ne se défiait pas de lui, qui ne le fuyait pas, qui ne semblait pas soupçonner le mauvais côté de sa nature ; quelqu’un qui le regardait en face, d’un regard ouvert et bienveillant.

Aussi il laissa causer l’enfant sur lui-même et sur ses amis, l’observant attentivement pendant qu’il parlait, Lord Fautleroy ne demandait pas mieux que de répondre à ses questions et babillait, selon sa manière habituelle, avec beaucoup de tranquillité. Après s’être étendu longuement sur Dick, sur la mar-