Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/119

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La salle à manger était une pièce vaste et d’aspect imposant. Derrière le fauteuil du comte se tenait un domestique, qui regarda avec étonnement, mais sans oser se permettre la moindre réflexion, le spectacle singulier que formaient cet homme grand et fort soutenu par un enfant. Ils atteignirent enfin le bout de la chambre, et l’épaule de Cédric se trouva dégagée.

L’enfant tira de sa poche le mouchoir de Dick et en frotta énergiquement son front ruisselant.

« Vous avez fait une rude besogne, dit le comte.

— Oh ! non, répliqua Cédric, ce n’était pas rude positivement ; seulement, j’ai chaud. En été, vous savez, il fait chaud. »

Et il frotta de nouveau son front humide. Sa propre chaise était placée de l’autre côté de la table, en face du comte. C’était un siège à haut dossier avec de larges bras. Il n’avait jamais été destiné au petit personnage qui l’occupait et qui peut-être n’avait jamais semblé si petit qu’en ce moment, au fond de ce grand fauteuil, dans cette vaste salle au plafond élevé, et devant cette table large et massive ; mais cela était indifférent au petit lord.

En dépit de sa vie solitaire, le comte menait grand train. Il aimait à bien dîner, et les repas étaient servis chez lui avec beaucoup d’apparat. Cédric n’apercevait son grand-père qu’à travers un surtout de table en cristal et en argent, garni de fleurs, qui l’éblouissait. Si le dîner était une chose sérieuse pour le comte, elle était une chose non moins sérieuse pour le cuisinier, qui avait toujours à craindre ou que Sa Seigneurie