Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/122

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profond de mon cœur ; elle a toujours été ma meilleure amie. »

Oui, elle avait toujours été sa meilleure, sa plus tendre amie, et il ne pouvait pas s’empêcher, à mesure surtout que la nuit approchait, d’éprouver un amer sentiment de solitude en pensant que cette nuit il ne dormirait pas près d’elle, sous les yeux qu’il chérissait. Plus il y pensait, plus son pauvre petit cœur se gonflait, si bien que, peu à peu, il devint silencieux. Cependant il se dit qu’il ne devait pas s’abandonner à son chagrin. Au moment où le comte quitta la table pour retourner à la bibliothèque, il s’élança au devant de lui, pour lui prêter encore l’aide de sa petite épaule, et le comte s’y appuya de nouveau, quoique moins lourdement que la première fois.

Quand le valet de pied les eut laissés seuls, Cédric s’assit sur le tapis du foyer près de Dougal. Pendant quelques instants il caressa les oreilles du chien en silence, en regardant le feu.

Le comte l’examinait. Les yeux de l’enfant avaient une expression pensive, et une fois ou deux il soupira légèrement.

« Fautleroy, demanda le vieux lord, à quoi pensez-vous ? »

Cédric fit un effort pour sourire et, regardant son grand-père :

« Je pensais à Chérie, » dit-il.

Alors il se leva et se mit à arpenter la chambre de long en large. Ses yeux brillaient, il serrait ses lèvres l’une contre l’autre, mais il tenait sa tête droite et marchait d’un pas résolu.