Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/121

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Quand Cédric eut fini de manger, il s’appuya sur le dossier de sa chaise pour regarder la pièce où il se trouvait.

« Vous devez être fier de votre maison, dit-il au comte : elle est très belle. Je n’en ai jamais vu de si belle ; mais je n’ai que huit ans et, naturellement, je n’ai pas encore vu beaucoup de choses.

— Et vous pensez que je dois en être fier ?

— Tout le monde le serait. Je le serais certainement si elle était à moi. Tout y est très beau. Et le parc donc ! Comme les arbres y sont gros et comme ils bruissent au vent ! »

Il resta silencieux un instant, puis jetant un regard pensif autour de la pièce :

« C’est une bien grande maison, dit-il, pour deux personnes seulement.

— Elle est assez grande en effet. Trouvez-vous qu’elle le soit trop ? »

Sa petite Seigneurie hésita un instant.

« Je me disais, fit-il, que si deux personnes vivant ici ne s’accordaient pas bien ensemble, il pourrait leur arriver quelquefois de se trouver bien seuls.

« Pensez-vous que nous nous accorderons bien ? demanda le comte.

— Je le crois. M. Hobbes et moi nous nous accordions très bien. C’était le meilleur ami que j’eusse après Chérie. »

Le comte fronça ses sourcils en broussailles.

« Qui est Chérie ? demanda-t-il.

— C’est maman, dit le petit lord de sa douce et tranquille voix. Je l’appelle ainsi parce que je l’aime du plus