Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/180

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— Êtes-vous fatigué ? demanda le comte à Cédric. Voulez-vous vous arrêter ?

— Cela vous secoue plus que je ne croyais, dit l’enfant, et cela vous fatigue un peu ; mais j’aime mieux ne pas m’arrêter encore et continuer la leçon. Aussitôt que j’aurai recouvré ma respiration, j’irai chercher mon chapeau. »

La personne la plus habile du monde, si elle avait donné des conseils à Cédric sur la meilleure manière de plaire à son grand-père, n’aurait pu l’engager à s’y prendre autrement que ne le faisait le petit lord dans la simplicité de son cœur et rien qu’en obéissant à sa nature. Tandis que le poney, portant son petit cavalier, trottait vers le lieu où Cédric avait laissé tomber son chapeau, une faible rougeur colora les joues flétries du comte, et un sentiment de satisfaction tel qu’il ne pensait plus devoir jamais en éprouver vint allumer un éclair dans ses yeux. Il resta plongé dans son fauteuil, les regards fixés sur l’endroit où l’enfant avait disparu, attendant avec impatience qu’il se montrât de nouveau. Au bout de quelque temps, le son des fers des chevaux l’avertit du retour des cavaliers. Ils arrivaient, en effet, Wilkins portant le chapeau de Cédric, qui était toujours nu-tête, ses cheveux flottant au vent et lui formant une auréole ; ses joues étaient plus rouges, ses yeux plus brillants que jamais. Il avait fait prendre le galop à son cheval.

« Là ! s’écria-t-il tout essoufflé en arrivant devant la fenêtre, j’ai galopé. Pas aussi bien que le petit garçon de la Cinquième Avenue, mais je l’ai fait et je recommencerai ! »

De ce moment, lui, Wilkins et le poney furent grands amis.