Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/197

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trottant à côté du grand cheval gris, Cédric babillait gaiement. Le plus souvent le comte était silencieux, se contentant d’écouter et de regarder le visage animé et joyeux de son petit interlocuteur. Quelquefois il disait à Cédric de prendre le galop. L’enfant s’élançait droit, ferme et hardi sur sa selle, et le comte le suivait d’un regard plein d’orgueil et de satisfaction. Quand l’enfant revenait, agitant son chapeau avec un rire joyeux, c’est en se disant que son grand-père et lui étaient vraiment très bons amis.

C’est dans ces promenades que le comte découvrit un jour que sa belle-fille ne menait pas une vie oisive, comme il l’avait cru jusqu’ici. Les pauvres la connaissaient bien. Quand la maladie, le chagrin ou la misère s’étaient abattus sur une maison, on était sûr de voir bientôt le joli petit coupé s’arrêter devant la porte.

« Chacun s’écrie : Dieu vous bénisse ! dès qu’on l’aperçoit, dit un jour Cédric à son grand-père. Les enfants aussi sont bien heureux. Elle fait venir quelques petites filles à la Loge pour leur apprendre à coudre ; elle dit que, maintenant qu’elle est riche, sa plus grande joie, c’est d’aider les autres. »

Il n’avait pas déplu à lord Dorincourt d’apprendre que la mère de son héritier était une belle jeune femme, qui avait autant l’air d’une dame que si c’était une duchesse ; il ne lui déplaisait pas non plus de savoir qu’elle était populaire parmi les gens de ses terres et aimée des pauvres. Cependant il éprouvait un serrement de cœur, causé par la jalousie, quand il voyait à quel point elle remplissait le cœur de son enfant, et que son enfant, de son côté, était attaché à elle comme à ce