Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/20

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tout au long l’histoire de cette époque, à rappeler les faits de bravoure accomplis par les héros républicains et les actes de vilenie de ceux qui appartenaient à la mère patrie, comme on appelait alors l’Angleterre. Dans ces occasions, Cédric était si animé que ses yeux brillaient d’émotion, tandis que ses boucles s’agitaient autour de sa tête, et il attendait avec impatience le moment du dîner pour raconter à Chérie tout ce qu’il avait entendu.

Au moment de l’élection dont nous avons parlé plus haut, Cédric fut si vivement impressionné par tout ce qu’il entendit dire à son vieil ami, qu’il demeura persuadé que, si M. Hobbes et même lui, Cédric, ne s’en étaient mêlés, le pays aurait pu faire naufrage. L’épicier le mena, le soir, voir une grande marche aux flambeaux, et plusieurs de ceux qui portaient les lanternes remarquèrent, près d’un bec de gaz, un gros homme sur l’épaule duquel était juché un petit garçon qui criait et gesticulait en agitant son chapeau en l’air.

La conversation sur les comtes, les lords et la politique en général était au point le plus intéressant quand la vieille Mary apparut. Cédric pensa qu’elle venait pour acheter du sucre ou toute autre denrée ; il n’en était rien. Elle semblait éprouver une vive émotion.

« Venez, mon mignon, dit-elle à l’enfant ; votre mère vous demande.

— A-t-elle besoin de moi pour sortir ? » demanda-t-il.

Mais Mary le regarda sans lui répondre, et l’enfant lui trouva un air tout singulier.

« Qu’est-ce qu’il y a, Mary ? demanda-t-il.