Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il arrive d’étranges choses chez nous, dit la vieille bonne.

— Chérie a-t-elle eu froid ? est-elle malade ? interrogea Cédric anxieusement, tout en suivant la vieille femme.

— Non, il n’y a rien de ce genre ; mais c’est singulier, bien singulier ! »

Quand ils atteignirent la maison, un coupé stationnait devant la porte, et Maman causait avec quelqu’un dans le parloir. Mary fit monter l’enfant à sa chambre, et lui mit son costume de flanelle crème, avec son écharpe rouge, car il y avait trois ans qu’il avait perdu son père, et il ne portait plus le deuil. Elle arrangea aussi ses cheveux.

« Seigneur ! disait-elle, tout en se livrant à ces occupations, un grand seigneur ! un lord ! un comte ! qui s’en serait jamais douté ? »

Cédric ne comprit pas ce que signifiaient ces paroles, mais il pensa que sa mère le lui dirait pour sûr ; aussi laissa-t-il Mary pousser ses exclamations sans lui demander d’éclaircissements.

Quand il fut habillé, il descendit en courant au parloir. Un vieux monsieur, grand, maigre, à figure anguleuse, était assis dans un fauteuil en face de sa mère. Mme Errol semblait fort agitée, et l’enfant vit des larmes dans ses yeux.

« Oh ! Cédric, mon chéri, s’écria-t-elle, en courant au-devant de lui et en le serrant avec transport dans ses bras ; oh ! Cédric, mon cher garçon ! »

Le vieux monsieur se leva de son siège ; il regarda attentivement l’enfant en se caressant le menton de sa main osseuse.

« Ainsi, dit-il à la fin, c’est le petit lord Fautleroy ? »