Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/200

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que lui, qui, dans tout le cours de sa vie, n’avait aimé personne, se sentait si vivement attiré vers ce petit garçon. Il avait commencé par être orgueilleux de la beauté et de la grâce de Cédric, du courage que ses actions semblaient dénoter ; mais il y avait plus que de l’orgueil dans ce qu’il éprouvait maintenant. Il ne pouvait s’empêcher de rire de lui-même quand il s’apercevait du plaisir qu’il avait à avoir l’enfant près de lui, à entendre le son de sa voix, et combien, dans le secret de son cœur, il désirait que son petit-fils l’aimât et eût bonne opinion de lui.

« Je suis un vieux fou, se disait-il, et on voit bien que je n’ai rien autre chose à penser ! »

Cependant il savait bien que son affection pour cet enfant ne venait pas du désœuvrement, et, s’il avait voulu aller au fond des choses, il aurait peut-être été obligé de s’avouer à lui-même que ce qui l’attirait si fortement vers son petit-fils c’étaient les qualités qu’il n’avait jamais possédées lui-même : la franchise, la sincérité, la chaleur de cœur, l’affectueuse confiance, qui éclataient sans-cesse dans les discours et dans les actions de Cédric.