Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/202

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« Il y a un endroit, dit L’enfant avec une sorte d’horreur peinte dans les yeux, il y a un endroit, Chérie l’a vu, c’est à l’autre bout du village, un endroit où les maisons sont pressées les unes contre les autres, et si délabrées qu’on croirait qu’elles vont tomber. C’est à peine si on y respire, tant elles sont petites, basses et humides. Les gens qui habitent là sont si pauvres qu’ils ne peuvent acheter rien de ce dont ils ont besoin. Beaucoup ont la fièvre, et les enfants meurent. Oh ! c’est affreux à penser ! Cela doit les rendre méchants de vivre si misérablement ! C’est encore pis que Michel et Brigitte. La pluie passe par le toit ! Chérie est allée visiter une pauvre femme qui vit dans une de ces maisons… Oh ! elle pleurait, cette pauvre Chérie, en me racontant tout ce qu’elle avait vu ! »

Des perles humides brillaient dans les yeux du petit lord lui-même, comme il faisait ce récit. Il les essuya vivement, sauta de sa chaise, et, venant s’appuyer sur le fauteuil du comte en posant une main sur son genou :

« Je lui ai dit, continua-t-il en souriant à travers ses larmes, que vous ne saviez rien de tout cela et que je vous en parlerais ; que bien sûr vous feriez comme vous aviez fait à propos de Hugues ; que Newick devait avoir oublié de vous en prévenir. »

Le comte regarda la petite main posée sur son genou. Newick n’avait pas oublié de le prévenir, et plus d’une fois son homme d’affaires l’avait entretenu du misérable état dans lequel se trouvait la partie du village connue sous le nom de l’Impasse. Il savait que les maisons menaçaient ruine ; que