Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/206

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même : « Je ne suis qu’un vieux misérable, méchant et égoïste, qui n’ai jamais eu une idée généreuse dans ma vie, qui me soucie des gens de l’Impasse ou de leurs semblables comme d’une guigne. » Il commençait à penser qu’à part la joie qu’il trouverait à faire plaisir à son petit-fils, il ne lui serait pas désagréable, de temps en temps, de faire une bonne action. Aussi, tout en riant intérieurement de lui-même, il fit venir Newick, et, après une longue entrevue avec lui, il donna des ordres pour que les masures de l’Impasse fussent jetées par terre et que de nouvelles maisons fussent bâties.

« C’est lord Fautleroy qui insiste pour cela, dit-il sèchement ; il pense que ces réparations donneront de la valeur à la propriété. Vous pouvez dire aux tenanciers que c’est son idée. »

Et il jeta un regard sur Sa petite Seigneurie, qui, étendue sur le tapis du foyer, jouait avec Dougal, et qui certes était, tant par son âge que par sa nature, incapable de calculer les avantages qui pouvaient résulter pour lui des améliorations qu’il demandait. Le grand chien était le constant compagnon de l’enfant et le suivait partout, marchant solennellement derrière lui quand Cédric marchait, ou trottant avec majesté à côté du cheval ou de la voiture quand il se promenait dehors.

Naturellement, tant dans la campagne que dans la petite ville voisine, on entendit parler des changements projetés. D’abord beaucoup de personnes ne voulurent pas y croire ; mais quand on vit une armée d’ouvriers arriver à Dorincourt et démolir les misérables et sordides baraques de l’Impasse, on commença à reconnaître que c’était la vérité, et on devina que c’était à la généreuse intervention du petit lord qu’on