Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/207

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devait ce nouveau bienfait. Si Cédric avait su comme on parlait de lui dans les chaumières, quelles bénédictions on répandait sur son nom, et quelles prophéties on faisait pour le jour où il serait homme, il eût été bien étonné ; mais il ne s’en doutait pas. Il vivait de sa simple, heureuse et naïve vie d’enfant, s’amusant dans le parc, poursuivant les lapins, s’étendant sur le gazon à l’ombre des grands arbres ou sur le tapis de la bibliothèque avec un livre ; parlant au comte de ses lectures et les racontant de nouveau à sa mère ; écrivant de longues lettres à Dick ou à M. Hobbes, qui répondaient chacun à leur mode ; se promenant, tantôt en voiture, tantôt à cheval, en compagnie soit du comte soit de Wilkins. Quand il traversait la place du marché ou quand il rencontrait un paysan, il s’apercevait bien que tous les chapeaux se soulevaient et que les figures prenaient une expression joyeuse ; mais il pensait que c’était parce que son grand-père était avec lui.

« Ils vous aiment tant ! dit-il une fois, en levant vers le comte son doux visage, illuminé d’un brillant sourire. Avez-vous remarqué comme ils sont heureux de vous voir ? J’espère qu’un jour ils m’aimeront aussi. Ce doit être bon que tout le monde vous aime. »

Et il se sentait tout heureux d’être le petit-fils d’un homme si aimé et si admiré.

Quand on commença à bâtir les maisonnettes, le comte et son petit-fils dirigèrent souvent leur promenade du côté de l’Impasse, pour voir où en étaient les travaux. Cédric les suivait avec le plus vif intérêt. Il descendait de cheval pour aller faire connaissance avec les ouvriers et leur poser des ques-