Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/211

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Les yeux du vieux comte et ceux de son jeune héritier se rencontrèrent, et tous deux demeurèrent quelques instants silencieux. Alors le comte, fronçant ses gros sourcils grisonnants :

« N’oublierez-vous donc jamais votre mère ?

— Jamais ! répliqua l’enfant, jamais ! et elle jamais ne m’oubliera non plus. Je ne vous oublierais jamais vous-même, si je ne demeurais plus avec vous, et au contraire j’y penserais d’autant plus que j’en serais séparé.

— Sur ma parole ! s’écria le comte, après l’avoir regardé quelques instants encore, je crois que vous le feriez ! »

La douleur que la jalousie faisait éprouver au comte toutes les fois que l’enfant parlait de sa mère, semblait plus forte chaque jour, et elle augmentait en effet à mesure que croissait l’affection du vieillard pour l’enfant.

Mais il survint bientôt des événements qui lui firent oublier, pour quelque temps du moins, les mauvais sentiments qu’il avait toujours entretenus contre sa belle-fille, et ils arrivèrent d’un étrange manière.