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XXIV


Un soir, peu de temps avant que les travaux de l’Impasse fussent terminés, il y eut un grand dîner à Dorincourt. Il n’y avait pas eu de réception au château depuis longtemps ; mais sir Harry Lorridale et lady Lorridale, sœur unique du comte, étaient venus passer quelques jours chez lui. Cet événement causa une grande émotion dans le village et fit tinter plus que jamais la sonnette du petit magasin de miss Diblet. Il y avait de quoi être étonné en effet, car lady Lorridale n’avait pas mis les pieds au château depuis son mariage, c’est-à-dire depuis trente-cinq ans environ. C’était une dame imposante, avec de beaux cheveux blancs et des joues à fossettes, aussi fraîches que des pêches, en dépit de son âge. Elle était aussi bonne que belle et n’avait jamais approuvé la conduite de son frère. Comme elle avait un caractère résolu, elle lui avait dit plusieurs fois franchement sa manière de penser, si bien qu’après des querelles assez animées avec Sa Seigneurie, voyant qu’elle n’obtiendrait rien, elle avait renoncé à le voir, et ils étaient demeurés étrangers l’un à l’autre depuis de longues années.