Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/214

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Ce que lady Lorridale avait appris sur son frère pendant cette période n’était pas de nature à lui faire désirer un rapprochement. Elle savait combien il avait été dur pour sa femme et indifférent pour ses enfants.

Quoiqu’elle n’eût jamais vu les deux fils aînés, la rumeur publique lui avait appris qu’ils étaient dénués de toute qualité bonne, utile ou aimable ; mais une fois était arrivé au château de Lorridale un beau jeune homme de dix-huit ans, qui lui dit qu’il était son neveu, Cédric Errol, et que, passant près de son habitation, il avait voulu venir voir sa tante Constance, dont il avait souvent entendu parler à sa mère bien-aimée. Le cœur de la bonne lady Lorridale fut remué de fond en comble à la vue de ce beau garçon ; elle le fit rester avec elle une semaine, le gâta, le choya et l’admira. Il avait un caractère si aimable, un cœur si affectueux, un esprit si ouvert, qu’elle conçut pour lui une vive affection, et, en le quittant, elle exprima l’espoir de le revoir bientôt ; mais cet espoir ne se réalisa pas : le comte, fort mécontent que son fils fût allé voir sa tante, lui défendit d’y retourner de nouveau. Mais lady Lorridale s’était toujours souvenue tendrement de lui, et quoiqu’elle craignît qu’il eût fait un mariage dégradant en Amérique, elle était entrée dans une grande colère contre son frère quand elle apprit qu’il avait renié ce fils, et que personne ne savait ni où ni comment il vivait. Peu après vint la rumeur de sa mort ; puis la nouvelle de celle de ses deux frères aînés ; puis enfin elle entendit parler du petit Américain amené au château de Dorincourt, pour porter le titre de lord Fautleroy.

« Probablement pour y être aussi mal élevé que les autres,