Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/215

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dit-elle à son mari ; à moins que sa mère ne soit assez capable et n’ait une volonté assez ferme pour contre-balancer l’effet de la mauvaise éducation qu’il va recevoir. »

Mais quand elle entendit dire que la mère de Cédric avait été séparée de lui, elle ne trouva pas de paroles pour peindre son indignation.

« C’est trop fort ! s’écria-t-elle. Avoir la pensée de séparer un enfant de cet âge de sa mère et d’en faire le compagnon d’un homme comme le comte ! Mon frère le traitera avec brutalité, ou bien alors il sera avec lui d’une déplorable faiblesse. Il en fera un monstre. Si je pensais que cela pût être de quelque utilité, je lui écrirais.

— Cela ne servira à rien, dit sir Harry.

— C’est vrai ; je connais trop bien le comte de Dorincourt, mon très honoré frère, pour ne pas savoir que ce que je pourrais dire sera en pure perte ; mais c’est révoltant ! »

Lady Lorridale n’était pas seule à avoir entendu parler du petit lord Fautleroy. Dans les châteaux des environs de Dorincourt, aussi bien que dans les fermes et les maisons du village, il courait beaucoup d’histoires sur lui, sur sa beauté, sur son amabilité, sur l’affection qu’il inspirait à tous ceux qui l’approchaient, sur l’influence croissante qu’il prenait sur son grand-père. Il était devenu le sujet des conversations : les dames plaignaient la pauvre jeune mère séparée de son enfant, et les hommes, qui connaissaient le comte et sa dureté d’âme, riaient de tout leur cœur en entendant parler de la confiance du petit garçon dans les bons sentiments de son grand-père. Sir Thomas, un propriétaire des environs, traversant un jour le vil-