Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

placer près de son grand-père, le regarder avec affection, en suivant avec le plus vif intérêt chacun des mots qui s’échappaient des lèvres du comte. Une fois même il se pencha tellement vers lui que sa joue toucha l’épaule du vieux lord. Sa Seigneurie, remarquant le sourire des assistants, sourit faiblement elle-même. Cela l’amusait de leur faire observer les sentiments de cordiale amitié qui régnaient entre lui et son petit-fils, si différents des sentiments qu’il excitait généralement ou qu’il éprouvait lui-même.

M. Havisam avait été attendu au château dans l’après-midi ; mais il était tard déjà, et il n’avait pas encore paru. Une pareille chose n’était jamais arrivée depuis ses rapports avec le comte. Ce n’est qu’au moment où on quittait la salle à manger qu’il se présenta. Quoique l’heure fût très avancée, il semblait avoir fait grande hâte, et les traits de sa vieille et sèche figure étaient bouleversés.

« J’ai été retenu, dit-il à voix basse au comte, par un événement… un événement bien… bien inattendu. »

C’était une chose aussi étonnante de voir le vieil homme d’affaires agité que de le voir en retard ; il fallait un événement bien extraordinaire, en effet, pour le troubler ainsi. À plusieurs reprises, il jeta les yeux sur le petit lord avec une expression si bizarre que celui-ci la remarqua et se demanda ce qu’elle signifiait. Lui et M. Havisam étaient dans les meilleurs termes et échangeaient habituellement des sourires ; l’homme de loi semblait avoir complètement oublié ces rapports affectueux.

Par le fait, il avait tout oublié, excepté les étranges et péni-