Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/24

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la famille. Son patron ne lui avait caché ni les chagrins et les inquiétudes que lui avaient causés ses fils aînés, ni la colère qu’il avait éprouvée en apprenant le mariage du troisième, ni la haine qu’il ressentait pour la jeune veuve, dont il parlait comme d’une femme appartenant à la dernière classe de la société : Une intrigante, disait-il, qui s’était fait épouser par le capitaine, sachant qu’il était fils d’un comte. Le vieil homme de loi partageait cette opinion, de même que les autres idées de son maître sur l’Amérique et les Américains en général. En outre, sa profession lui avait fait voir tant d’égoïsme et de calcul chez tous ceux avec qui il avait été en rapport, qu’il ne pouvait croire au désintéressement de personne, et encore moins à celui de la jeune Mme Errol. Ce n’est donc qu’avec répugnance qu’il accomplissait sa mission ; il lui était désagréable d’avoir à entrer en arrangement avec une femme qu’il jugeait vulgaire et cupide, et qui n’aurait sans doute aucun égard pour la mémoire de son mari ni pour la dignité de son nom. Quand il vit son coupé enfiler une petite rue étroite et s’arrêter devant une modeste petite maison, il se sentit impressionné désagréablement. Est-ce donc dans une semblable bicoque que le futur propriétaire des domaines de Dorincourt, de Wyndham, de Cholworth et de nombre d’autres était né et avait été élevé ? Cet enfant n’allait-il pas faire tache dans la noble famille dont M. Havisam conduisait les affaires depuis si longtemps et pour laquelle il avait un si profond respect ?

Lorsque Mary l’introduisit dans le petit parloir, il regarda autour de lui avec la pensée qu’il allait trouver beaucoup à critiquer. La pièce était simplement meublée ; cependant elle