Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il leva de nouveau les yeux vers son grand-père ; ils avaient une expression touchante et ils semblaient chargés de larmes.

« Cet autre petit garçon, dit-il d’une voix tremblante, il sera votre petit garçon maintenant comme je l’étais ?

— Non, fit encore le comte, et il accentua ce mot si fermement que Cédric tressaillit sur sa chaise.

— Non ? répéta l’enfant étonné. Je croyais… je pensais… »

Il sauta vivement de son siège, s’approcha du vieillard et lui prenant la main :

« Serai-je encore votre petit garçon, même si je ne suis pas comte ? dit-il ; serai-je votre petit garçon comme je l’étais auparavant ? »

Et son petit visage s’éclaira d’une lueur subite.

Le comte le contempla un instant de la tête aux pieds ; ses gros sourcils se froncèrent et se rapprochèrent complètement, tandis que ses yeux brillaient dessous d’une manière bizarre.

« Si vous serez encore mon petit garçon ? dit-il, — et, si étrange que cela puisse paraître, sa voix était profondément altérée, presque tremblante, faible et saccadée, tout à fait différente de sa voix habituelle, quoique son ton fût aussi décidé et péremptoire que de coutume, — oui, vous serez mon petit garçon ; vous serez mon enfant, aussi longtemps que je vivrai ; et, par saint Georges ! il me semble que vous êtes le seul enfant que j’aie jamais eu ! »

La figure de Cédric devint rose jusqu’à la racine des cheveux et une expression joyeuse se répandit sur ses traits.

Il enfonça ses deux mains dans ses poches (une pose qu’il affectionnait), et regardant en face son noble parent :