Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/267

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— Mylord, interrompit à son tour Mme Errol, je désire que mon fils n’ait rien que ce que lui donnent ses droits. Quand même la loi lui reconnaîtrait certains avantages, si c’est aux dépens de la loyauté…

— Par malheur, la loi ne peut pas grand’chose. Si elle le pouvait, ce serait fait déjà… Mais cette méprisable femme et son enfant…

— Sans doute elle se préoccupe de son fils comme je me préoccupe de Cédric, interrompit de nouveau la jeune veuve. Si elle est en effet la femme de votre fils aîné, son fils est lord Fautleroy, et le mien n’est rien. »

Mme Errol parlait du ton doux et tranquille qui lui était habituel. Elle ne semblait pas plus effrayée ou intimidée par la présence du comte que Cédric ne l’avait été, et elle le regardait juste comme Cédric le regardait. Le vieux lord, qui avait été un tyran toute sa vie, qui avait toujours vu chacun plier devant son autorité, qui pendant si longtemps s’était plu à faire sentir sa domination, à inspirer la terreur, éprouvait une jouissance infinie à voir quelqu’un à qui il ne faisait pas peur et qui le regardait sans trembler. Il était si rare qu’on osât avoir une opinion opposée à la sienne, qu’avoir affaire à une personne qui lui tenait tête était une nouveauté qui lui plaisait.

La jeune femme rougit.

« C’est très beau d’être comte de Dorincourt, mylord, dit-elle ; c’est une magnifique position, et je suis bien loin de la dédaigner pour mon fils ; mais je tiens encore plus à ce qu’il soit ce que son père était : brave, juste et loyal.