Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/272

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qu’il venait de se marier ; mais pas une ne disait que c’était un petit garçon de huit ou neuf ans, avec de bonnes petites jambes agiles, de jolis yeux bruns et des cheveux blonds bouclés. Enfin un de ces journaux disait qu’il n’existait aucun lien de parenté entre ce prétendu lord Fautleroy et le comte de Dorincourt ; que ce garçon était un misérable petit imposteur qui avait vendu des journaux et dormi à la belle étoile dans les rues de New-York, avant que sa mère ne le donnât pour héritier du comte à l’homme d’affaires que celui-ci avait envoyé en Amérique pour aller chercher son petit-fils. Venait alors la description du nouveau lord Fautleroy et de sa mère. Pour les uns c’était une bohémienne, pour les autres une actrice, pour d’autres encore une belle Espagnole ; mais tous étaient d’accord que le comte de Dorincourt haïssait sa belle-fille, qu’il ferait tous ses efforts pour ne pas la reconnaître s’il pouvait l’empêcher ; et comme, paraît-il, il y avait un léger vice de forme dans les papiers qu’elle avait produits, on s’attendait à ce qu’il en résultât un long procès, qui ne pouvait manquer d’être des plus intéressants.

M. Hobbes avait coutume de lire tous ces journaux, jusqu’à ce que tout ce qu’ils contenaient formât dans sa tête un tohu-bohu, un pêle-mêle, un tourbillon. Dans la soirée, il parlait avec Dick de ce qu’il avait appris dans les lectures de la journée, ce qui ne l’empêchait pas de ressasser ce qu’il avait déjà dit les jours précédents, de sorte que les conversations entre les deux nouveaux amis étaient interminables. Ces lectures leur avaient appris une chose : c’est que le comte de Dorincourt était un très important personnage, plus important