Dick Tipton avait toujours été un garçon fort avisé, et la nécessité où il s’était vu, dès ses premières années, de se tirer d’affaire tout seul l’avait rendu plus avisé encore. Il avait appris à observer et à mettre à profit ses observations. Si le petit lord avait pu jeter un regard dans la boutique de l’épicier ce matin-là, il aurait certainement éprouvé un vif intérêt, même quand il ne se serait pas agi de choses le concernant, en voyant avec quelle animation on discutait les plans qui se présentaient à l’esprit de Dick et de son compagnon.
Après avoir mis en avant une foule de projets, avoir ressassé de nouveau tous les faits concernant leur jeune ami ; après avoir répété à satiété les réflexions que ces étranges événements leur inspiraient, ils se décidèrent à agir. Dick commença par écrire à Ben ; puis, après avoir découpé le portrait de la prétendue lady Fautleroy, il le glissa dans sa lettre. Pendant ce temps, M. Hobbes écrivait au comte et à Cédric. Ils n’avaient pas encore terminé l’un et l’autre cette intéressante opération quand une nouvelle idée surgit dans le cerveau de Dick.
« Le jeune homme qui m’a donné ce journal, dit-il, est un avocat. Il s’appelle Harrisson et il a son cabinet tout près de ma boutique. Si nous le chargions de débrouiller tout cela ? Les avocats connaissent les lois ; il nous dira comment nous y prendre pour empêcher que Cédric soit dépouillé. »
M. Hobbes trouva que la proposition de Dick était un trait de lumière, et déclara que le jeune garçon avait les plus grandes dispositions pour les affaires.
« Vous avez raison, dit-il ; il faut en parler à un avocat. »