Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/278

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monsieur Hobbes. Elle une lady ! Ah bien ! oui ! Elle la femme d’un lord !… Un drôle de lord ! C’est Ben alors qui est ce lord : car il ne fait pas jour en plein midi si ce portrait n’est pas celui de Minna : de Minna, la femme de Ben, et par conséquent ma belle-sœur ! »

M. Hobbes se laissa tomber sur son siège.

« Pas possible ! » fit-il.

Il tira son mouchoir à carreaux de sa poche, et, selon son habitude quand il était fortement ému, il commença à le passer et repasser avec énergie sur son crâne.

Cette friction parut lui rendre son sang-froid.

« Quand je vous disais que c’était un complot tramé contre lui, s’écria-t-il. Quand je vous disais !… Et c’est parce qu’il est Américain !

— Oh ! mais nous verrons ! s’écria Dick. Cela ne se passera pas ainsi ! Oh non ! Je connais ses tours ! Elle voudrait bien se donner pour une lady ! Une jolie lady ! Elle porter une couronne ! Ça lui irait comme des plumes de paon à une truie ! Je me rappelle que, dans un des journaux où il était question de la prétendue lady Fautleroy et de son fils, on disait que celui-ci avait une cicatrice au menton. Je sais bien d’où elle vient, cette cicatrice ! Vous rappelez-vous que je vous ai raconté qu’un jour Minna, en colère, m’avait lancé un plat à la tête ; que ce plat avait atteint son garçon au menton, et qu’il en était résulté une blessure dont, au dire du médecin, il devait garder la trace toute sa vie ? Lui, un lord ! je t’en souhaite ! un lord comme moi ! C’est le fils de Minna et de Ben, tout simplement, c’est-à-dire mon neveu, et je n’en suis pas plus fier pour ça ! »