Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Havisam, et tous deux, enfermés dans la bibliothèque, se concertèrent quant à la conduite à tenir dans cette circonstance.

« Après les trois entrevues que j’eus avec elle, dit l’homme de loi, je commençai, ainsi que j’ai eu l’honneur de le dire à Votre Seigneurie, à la suspecter fortement. Il me sembla tout d’abord que l’enfant était plus âgé qu’elle ne le disait ; puis elle fit un lapsus au sujet de la date de sa naissance et essaya de se rattraper pour pallier sa méprise. L’histoire que ces lettres nous révèlent vient confirmer plusieurs de mes soupçons. Ce qu’il y aurait de mieux à faire, selon moi, ce serait de télégraphier aux deux frères Tipton, Ben et Dick, de venir ici au plus vite, et de ne rien dire, bien entendu, à la prétendue lady Fautleroy des renseignements que nous venons de recevoir.

« Quand son mari et son beau-frère seront arrivés, on la confrontera avec eux sans qu’elle s’y attende. Cette femme est, après tout, un pauvre conspirateur. En se voyant en présence de ces deux hommes, elle sera saisie et se trahira sur-le-champ, rien que par son attitude. »

Ce plan fut approuvé par le comte, et il en résulta ce qu’on en attendait. Afin que la femme ne conçût aucun soupçon, M. Havisam continua à avoir avec elle des entrevues où il lui annonçait qu’il poursuivait ses investigations, essayant de la faire causer, juste assez pour la tenir en haleine, mais peu soucieux de ce qu’elle pourrait dire, maintenant qu’il avait sur ses mensonges des preuves convaincantes. Elle conclut de la conduite de M. Havisam qu’elle était parvenue à détruire tous les soupçons ; alors, se croyant sûre de ne pas être découverte, elle commença à devenir aussi insolente qu’on pouvait s’y attendre.