Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/286

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Mais un matin, comme elle était assise dans une pièce de l’auberge des « Armes de Dorincourt » qu’elle décorait du nom de salon, occupée à édifier les châteaux en Espagne de sa fortune future, M. Havisam fut annoncé. Il était accompagné de trois personnes : le comte, un jeune garçon de treize à quatorze ans à la mine avisée, plus un homme d’une trentaine d’années, aux traits énergiques.

La femme se dressa tout debout, comme mue par un ressort.

Un cri de terreur s’échappa de ses lèvres avant qu’elle pût le retenir.

Quand par hasard elle pensait aux deux personnes qui étaient entrées derrière le comte, ce qui lui était bien rarement arrivé depuis les dernières années, c’était comme à des gens dont elle n’avait pas à s’inquiéter, qui vivaient à des milliers de lieues. Elle ne s’était jamais attendue à les revoir, et voilà, qu’ils se dressaient tout à coup devant elle.

Son agitation n’avait pas échappé à Dick, car notre jeune ami était une de ces deux personnes.

« Hé ! c’est donc vous, Minna ! » fit-il d’un ton gouailleur en l’apercevant.

Son compagnon, qui n’était autre que Ben, demeura quelques instants en contemplation devant la jeune femme.

« La reconnaissez-vous ? dit M. Havisam, dont les regards allaient de l’un à l’autre.

— Oui, dit enfin Ben, je la reconnais, et elle me reconnaît aussi. »

Alors il reporta ses yeux d’un autre côté et poursuivit son chemin jusqu’à l’extrémité de la pièce. Il s’approcha de la