Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/288

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d’un beau garçon, mais c’était après tout une figure franche et réjouie. Sa ressemblance avec Ben était frappante.

Celui-ci marcha vers le nouveau venu et le prit par la main ; il était facile de voir qu’il était profondément agité.

« Je peux jurer aussi que cet enfant est le mien, dit-il d’une voix où l’on sentait un tremblement. Oui, c’est mon fils et celui de cette mère indigne. — Tom, ajouta-t-il, je suis ton père et je vais t’emmener. »

Une expression de satisfaction bien marquée se répandit sur les traits du petit garçon ; évidemment il lui était plus agréable de suivre cet homme que de rester avec la femme qui prétendait être sa mère.

Depuis plusieurs mois, il s’était produit tant de changements dans son existence, il avait mené une vie si aventureuse, qu’il n’éprouvait aucun étonnement à entendre dire par cet étranger qu’il était son père, pas plus qu’il ne l’avait été, quelques mois auparavant, quand une femme, qu’il ne se rappelait jamais avoir vue, était venue le chercher en l’appelant son enfant. Elle était bien sa mère en effet, quoiqu’il lui eût plu de l’abandonner jusqu’au jour où il lui avait semblé avantageux de le reprendre.

« Oui, c’est son fils, le fils de Ben et de Minna, fit Dick ; je n’en voudrais d’autre preuve que la cicatrice que voici. »

Et il montrait une petite tache blanchâtre, en forme d’étoile, que l’enfant portait au menton.

« Vous rappelez-vous, Minna, d’où lui vient cette cicatrice ? dit-il à sa belle-sœur en ricanant. C’est une des marques de votre tendresse maternelle. Il est vrai de dire que quand vous lui avez jeté le plat à la tête, ce n’est pas à lui que vous le destiniez. »