Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/34

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« Je n’aurais pas pu me rappeler tous ses noms si je ne les avais pas écrits, » dit-il.

Il lut alors tout haut et lentement :

« John-Arthur Molyneux Errol, comte de Dorincourt. Il demeure dans un château, et même, je crois, dans deux ou trois. Papa était son plus jeune fils, et je n’aurais sans doute pas été un lord et un comte si papa avait vécu, et papa n’aurait pas été un comte non plus si ses deux frères avaient vécu. Mais ils sont tous morts, et alors c’est moi qui dois être lord et comte, et c’est pourquoi mon grand-père m’a envoyé chercher pour demeurer avec lui en Angleterre. »

M. Hobbes semblait avoir de plus en plus chaud, car il soufflait de plus en plus et il épongeait son front de plus en plus énergiquement. Il commençait à comprendre qu’en effet il s’était passé quelque chose d’extraordinaire ; mais en regardant l’enfant assis sur la caisse de biscuit, avec l’innocente et anxieuse expression empreinte dans ses jolis yeux bruns, il vit bien qu’il n’y avait rien de changé en lui, mais qu’il était toujours le même, aimable, beau, brave petit garçon, avec son simple habillement de drap noir et sa cravate ponceau. Alors toutes ses idées sur la noblesse furent bouleversées, surtout à cause de la simplicité ingénue avec laquelle Cédric lui avait donné toutes ces nouvelles, sans se douter de l’importance prodigieuse qu’elles pouvaient avoir.

« Et… et… quel nom m’avez-vous dit qu’était le vôtre ? demanda-t-il.

— C’est Cédric Errol, lord Fautleroy ; c’est ainsi que