Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, dit Cédric modestement, je suis un comte ou j’en serai un ; je ne veux pas vous tromper. »

M. Hobbes parut très agité. Il se leva vivement.

« L’enfant est fou, se dit-il ; que lui est-il arrivé ? »

Il lui prit la main, et lui tâtant le pouls :

« Comment vous trouvez-vous, mon ami ? dit-il. Avez-vous du mal quelque part ? Y a-t-il longtemps que vous vous sentez ainsi ? »

Il posa sa grosse main sur les cheveux bouclés du petit garçon.

« Je vous remercie, dit Cédric un peu étonné ; je vais très bien. Je n’ai pas de mal à la tête ni ailleurs ; seulement j’ai beaucoup de chagrin de ce que je viens de vous dire là. C’est pour cela que Mary est venue me chercher hier. M. Havisam, qui est un homme de loi, causait avec maman et lui expliquait tout cela quand je suis arrivé. »

M. Hobbes se rassit tout tremblant, et, tirant, de sa poche un ample mouchoir à carreaux, il s’en frotta énergiquement le front.

« Un de nous a eu un coup de soleil, dit-il, en revenant à son idée ; ce n’est pas possible !

— Je vous dis que si, monsieur Hobbes, et nous ferons mieux d’en prendre notre parti. M. Havisam a fait tout le chemin d’Angleterre ici pour nous le dire. C’est mon grand-papa qui l’a envoyé.

— Qui est votre grand-papa ? » demanda l’épicier.

Cédric porta la main à sa poche et en retira un papier, qu’il déplia soigneusement et sur lequel étaient tracées quelques lignes de sa grosse et irrégulière écriture.