Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rester chez elle à se chauffer. Je lui donnerais aussi un châle pour que ses os ne lui fassent plus tant mal. Ce doit être très pénible quand vos os vous font souffrir ; si elle avait toutes ces choses, je suis sûr que les siens ne lui feraient plus de mal du tout.

— Hum ! fit l’homme de loi, et que feriez-vous encore si vous étiez riche ?

— Naturellement, d’abord, j’achèterais à Chérie toutes sortes de belles choses : des nécessaires, des éventails, des dés d’or et des bagues, et une voiture pour qu’elle ne soit plus obligée d’attendre les tramways quand elle sort. Si elle aimait les robes de soie roses ou bleues, je pourrais lui en acheter aussi ; seulement elle n’aime que les noires… Mais au fait, ce serait bien plus simple, je la conduirais dans les plus grandes boutiques et je lui dirais de choisir. — Il y a aussi Dick…

— Qui est Dick ? demanda M. Havisam vivement intrigué.

— C’est un garçon qui cire les bottes des passants, et il y est très habile. Il est installé là-bas, au coin de la place. Je le connais depuis des années et des années. Une fois, étant tout petit, je me promenais avec Chérie. Elle m’avait acheté une belle balle qui rebondissait ; voilà qu’en traversant la rue ma balle tombe et se met à sauter et à rebondir au milieu des voitures. Moi je commence à pleurer, — j’étais tout petit dans ce temps-là. — Dick était occupé à faire reluire les souliers d’un monsieur ; il s’écrie : « Attendez ! » Il s’élance entre les chevaux et les voitures, il rattrape la balle, l’essuie avec sa jaquette et me la tend en disant : « Tenez, jeune homme ! » Maman l’admira beaucoup et moi aussi, et depuis ce jour, quand