Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/45

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nous allons de ce côté-là, nous lui parlons toujours ; nous lui demandons comment vont les affaires ; la dernière fois, il nous a dit qu’elles étaient mauvaises.

— Et que voudriez-vous faire pour lui ? demanda M. Havisam en souriant et en frottant son menton.

— Je voudrais lui acheter une petite boutique, c’est-à-dire une estrade, avec une chaise dessus, pour asseoir ses pratiques, comme le cireur de bottes qui est là-bas à la porte du parc, et qui est si bien installé, lui. Il y a un parapluie au-dessus de la chaise, et c’est très commode quand il pleut ou quand il fait grand soleil. Je lui achèterais aussi des brosses neuves, et puis des habits, et comme cela il serait très heureux. Il me disait l’autre jour : « Tout ce que je désirerais, ce serait de trouver quelqu’un qui pût me prêter quelques dollars. »

Et Cédric continua à parler encore de Dick, persuadé, dans son innocence et sa simplicité, que le vieux monsieur prenait autant d’intérêt à son ami qu’il en prenait lui-même. En vérité, M. Havisam commençait à se sentir captivé, quoique ce ne fût pas précisément par ce qui regardait le petit décrotteur et la marchande de pommes, mais simplement par le petit garçon, dont la tête bouclée s’appuyait sur le dossier du fauteuil placé en face de lui, toute pleine de projets pour les autres et s’oubliant complètement lui-même.

« Mais pour vous, que désireriez-vous si vous étiez riche ? lui dit-il.

— Oh ! beaucoup de choses ! D’abord je donnerais à Mary un peu d’argent pour Brigitte : c’est sa sœur ; elle a douze enfants et un mari qui n’a pas d’ouvrage. Quand elle vient ici,