Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/61

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main, adieu ! et, quoiqu’il fît tous ses efforts pour parler fermement, il y avait un petit tremblement dans sa voix, de même qu’il y avait quelque chose qui troublait ses grands yeux bruns ; j’espère que le commerce ira bien. Je suis fâché d’être obligé de partir et de vous quitter, mais peut-être reviendrai-je pour vous voir quand je serai comte. Écrivez-moi, je vous en prie, car nous serons toujours bons amis. Si vous le faites, voici l’adresse qu’il vous faudra mettre sur la lettre : Lord Fautleroy, car mon nom n’est plus Cédric Errol tout court. Adieu, Dick ! »

Dick cligna aussi ses paupières, qui étaient humides comme celles de Cédric. Le pauvre garçon aurait été bien embarrassé d’exprimer ce qu’il sentait, s’il l’avait essayé. Peut-être est-ce à cause de cela qu’il ne l’essaya pas et qu’il se contenta d’agiter ses paupières et d’avaler une espèce de grosse boule qu’il avait à la gorge et qui l’étouffait.

« Je suis bien fâché, moi aussi, que vous partiez, dit-il enfin d’une voix étranglée, — et il cligna des yeux de nouveau pour faire disparaître ce qui lui obscurcissait la vue, — bien fâché ! »

Puis il regarda M. Havisam, et touchant sa casquette :

« C’est un petit garçon bien… bien extraordinaire, ajouta-t-il ; merci, monsieur, de l’avoir amené ici, et aussi de ce que vous avez fait. Oui, c’est un petit garçon bien extraordinaire… »

Et quand M. Havisam et le petit lord prirent congé de lui, Dick, la grosse boule dans sa gorge, toujours prête à l’étouffer, et ses yeux toujours brouillés par la petite larme qui s’était attachée à ses paupières et qu’il s’obstinait à ne pas