Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/86

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— Oui, il le peut, répliqua M. Havisam du même ton. J’irai moi-même au château sitôt après dîner, et j’informerai le comte de notre arrivée. »

Mme Errol contempla Cédric.

Il reposait dans une gracieuse attitude sur la peau rayée de noir et de jaune. Le feu jetait ses lueurs sur son teint éclatant, sur ses yeux brillants et sur les boucles d’or de sa chevelure. L’angora ronronnait de satisfaction en sentant la douce main de l’enfant passer sur sa fourrure soyeuse.

Mme Errol sourit faiblement.

« Le comte ne sait guère ce qu’il m’enlève, » dit-elle d’une voix douce et triste.

Puis s’adressant directement à l’homme d’affaires :

« Voudrez-vous dire à Sa Seigneurie, reprit-elle après un instant d’hésitation, que je préfère ne pas toucher d’argent ?

— Quel argent ? dit M. Havisam. Vous ne voulez pas parler de la rente que le comte se propose de vous payer ?

— Si, répondit-elle simplement. Je désire qu’il n’en fasse rien. Je suis obligée d’accepter la maison, puisque autrement il me serait impossible de vivre près de mon enfant, et je le remercie de me l’offrir ; mais je ne veux pas accepter autre chose. Mes revenus sont suffisants pour me faire vivre selon mes goûts, qui ont toujours été simples, et je n’ai pas besoin d’autre chose. Il me semble qu’en recevant l’argent qu’il m’a proposé, ce serait lui vendre mon fils. Si je le lui donne, c’est que je l’aime, ce cher enfant, au point de m’oublier pour lui et parce que je crois que son père aurait souhaité qu’il en fût ainsi. »