Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’un dehors brillant et trompeur. Douce, sensible, elle cherchait à s’attacher, et ne trouvait que des cœurs froids et arides sous la châleur des protestations et l’apparence du sentiment. Plus d’une fois, séduite par l’accueil qu’elle recevait, elle prit la politesse pour de la sincérité : elle crut que l’intérêt qu’elle paraissait faire naître pourrait ensuite se changer en affection ; mais bientôt détrompée, elle s’apperçut avec regret qu’elle n’avait excité que la curiosité, qui, une fois satisfaite, devenait de l’indifférence. Enfin, elle vit partout l’ennui prendre la place du plaisir, qu’on cherchait avec tant d’avidité. Elle vit tous ceux qui composaient la société où on l’avait initiée, aussi fatigués qu’elle du genre de vie qu’ils suivaient, et continuer leurs insipides amusements, uniquement parce qu’ils n’avaient pas la force d’en changer.

Elle commença alors à regretter sincèrement le séjour de la province ; elle sentit la perte du voisinage et de la