Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle eut levé la tête, elle présenta l’image la plus complète de la douleur ; elle était si défaite, si pâle, que Cécile en fut effrayée. Les mains toujours jointes, et d’une voix dont elle paraissait elle-même redouter les accents, elle s’écria : Ô ! madame, daignez avoir la complaisance de m’écouter ! Vous écouter ? répartit Cécile, en mettant sur-le-champ la main dans sa poche pour en tirer sa bourse ; trés-certainement ; dites-moi ce que je peux faire pour vous. Le ciel, Madame, vous récompense de votre bonté ! s’écria la femme d’un ton plus assuré ; je craignais de vous fâcher : mais j’ai vu le carrosse devant la porte, et j’ai voulu faire une tentative ; quel qu’en soit le succès, je ne saurais en être plus mal ; la misère, madame donne de la hardiesse. Me fâcher ! répartit Cécile, en tirant un écu de sa bourse. Non, assurément. Qui pourrait contempler votre indigence, et éprouver d’autre sentiment que celui de la pitié ? Ah ! madame, répliqua-t-elle, je pleurerais presque en vous entendant parler