Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/144

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ainsi, quoique j’eusse cru de ne plus répandre de larmes, depuis que j’ai cessé d’en verser pour mon pauvre Guillaume ? Avez-vous donc perdu un fils ? Oui, madame ; mais il était trop bon pour rester plus long-temps sur cette terre : aussi ai-je tout-à-fait cessé de le regretter. Entrez, ma bonne femme, dit Cécile ; il fait trop froid pour rester ainsi à l’air.

À peine furent-elles entrées dans une salle basse, qu’elle lui demanda ce qu’elle pouvait faire pour son service, ajoutant, tandis qu’elle parlait, par un mouvement de compassion, un second écu à celui qu’elle tenait déjà dans la main. Vous pouvez tout, madame, répondit la pauvre femme, il ne s’agit que de plaider notre cause auprès de monsieur ; il ne connaît guère notre profonde misère, parce que sa situation est bien différente de la nôtre. Je me garderais bien de l’importuner si souvent, si la nécessité ne m’y contraignait.

Cécile, frappée de ces mots, il ne connaît guère notre profonde misère, parce