Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Eh bien, vous m’avez, je vous le répète, faites-y réflexion.

Cécile ne sut absolument que répondre à ces discours étranges, et le laissa parler sans l’interrompre, tout le temps qu’il jugea à propos, jusqu’à ce qu’il eût épuisé tous ses sujets de plainte et exhalé son humeur : alors, arrangeant sa perruque sur sa tête, il avança sa chaise tout près de la sienne, et fixant ses petits yeux noirs sur elle, sa colère se calma tout-à-coup, et il parut de la meilleure humeur du monde. Après l’avoir regardée pendant quelque temps avec beaucoup de satisfaction, il lui dit d’un air malin : Eh bien, ma poulette, avez déjà sans doute un amoureux ? Cécile se mit à rire, et répondit que non. Ah ! petite friponne, je ne vous crois pas ; ce sont des contes ! il faut parler franchement. Il convient que je sois informé ; n’êtes-vous pas ma pupille ? Certainement bientôt majeure ; pas tout-à-fait encore ; au fond, qu’est-ce que cela me fait ? Alors elle l’assura beaucoup plus sérieusement, qu’elle n’avait aucune confidence de cette espèce à lui faire.