Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 1 an III.djvu/210

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l’opulence, n’est-elle point encore parvenue à arracher de ton ame sa générosité naturelle ? Je te rends une partie de tes bienfaits. Ceci, dit-il en retenant une guinée, est le double de ce que j’espérais ; je ne veux point être cause que tes libéralités trop abondantes, en t’épuisant, avancent le moment fatal de la dûreté et de la dépravation. Il voulait se retirer ; mais Cécile le suivit et lui dit : Non, prenez tout. Qui pourrait assister le nécessiteux, si je refusais de le faire ? Riche sans parents, opulente sans besoins, sur qui ont-ils de plus justes droits que sur moi ? Ce que tu dis est aussi vrai, s’écria-t-il en prenant les deux autres guinées, que sage et bien pensé. Ainsi, donne tandis que tu as la volonté de donner ; et pendant les jours de ton innocence et de ta bénéficence, tâche de te rendre le ciel et les pauvres propices. Ensuite il disparut.

Comment, ma chère, s’écria madame Harrel, qui avait peine à en croire ses yeux, quel motif a pu vous engager à donner tant d’argent à cet homme ? Ne