Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/122

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prétend que tous les hommes sont faits pour vivre en commun, que tous ceux qui sont pauvres doivent demander, et tous ceux qui sont riches leur donner : il ne sait pas qu’il y en a plusieurs qui aimeraient mieux mourir de faim. Et seriez-vous de ce nombre ? dit Cécile souriant à moitié. Non, certainement, madame ; non, je n’ai pas l’âme assez élevée pour cela. Il est vrai que ceux à qui j’appartiens ont plus de courage et plus de fermeté, je souhaiterais pouvoir les imiter.

Frappée de la bonne-foi et de la simplicité de sa réponse, Cécile se sentit la plus grande envie de l’obliger ; et prenant sa main, elle lui dit : pardonnez-moi, ma chère enfant ; quoique je m’apperçoive que vous voudriez que je fusse déjà sortie, j’ai toutes les peines du monde à vous quitter. Rappelez-vous, je vous prie, l’exhortation qui nous a été fait à toutes deux, et indiquez-moi quelques moyens de vous être utile sans vous offenser.

Vous êtes bien honnête, madame, ré-