Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/173

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me semble que le chirurgien le trouve très-mal. Il a l’air triste en le quittant, et ne répond rien aux questions que nous lui faisons, ma mère et moi.

» Je suis honteuse de vous envoyer ce griffonnage : je n’ose prier mon frère de m’aider, parce qu’il serait fâché que j’eûsse fait mention de lui. Comme je n’ai jamais vu que l’orgueil produisît rien de bon ; je n’ai point songé à l’imiter ; et n’ayant pas son esprit, il est inutile que j’aye ses défauts : ainsi, quoique ma lettre soit mal écrite, vous, mademoiselle, qui avez tant de bonté et d’indulgence, vous me pardonnerez, fût-elle encore plus mal ; et quoique nous ne soyons pas dans le cas de profiter de vos offres gracieuses, c’est une grande consolation pour moi de penser qu’il y a une personne dans le monde qui, si nous nous trouvions destitués de tout, et si le cœur trop fier de mon pauvre frère venait à s’humaniser, regarderait notre misère en pitié, et empêcherait que nous n’en