Page:Burney - Cecilia ou Memoires d une heritiere 2 an III.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venable, ne lui suffisaient pas encore, et n’achevaient point sa félicité : elle avait des vues qui la touchaient de plus près, et des peines qui menaçaient de s’emparer entièrement d’un cœur, dont l’unique soin jusqu’alors avait été de s’occuper du bonheur des autres.

La perte de cette liberté d’esprit ne l’inquiéta que médiocrement, puisque le choix de son cœur, tout involontaire qu’il était, se trouvait conforme à ses principes, et approuvé par sa raison. La situation de ce jeune homme était précisément telle qu’elle la desirerait : quoique d’une naissance au-dessus de la sienne, il ne l’était cependant pas assez pour qu’elle en fût humiliée ; sa famille était distinguée, et sa mère lui paraissait la première des femmes ; son caractère et sa façon de penser semblaient formés pour la rendre heureuse, et la fortune qu’elle possédait suffisait pour qu’elle fût indifférente sur celle de Delvile.

Enchantée de trouver ainsi l’inclination et la convenance réunies, elle commença